Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

samedi 7 janvier 2012

Légendes d'automne

"Tous t'ont aimé plus que moi. Samuel. Papa. Et même ma propre femme."


Bon, alors, que je vous explique : au début du XXe siècle, dans les plaines du Montana, on a Tristan, alias Brad Pitt, longs cheveux blonds sous chapeau de cow-boy, qui, entre deux passages de troupeaux de vaches ou de chevaux sauvages, chahute avec ses deux frères, Samuel et Alfred, sous le regard bienveillant de leur père (Anthony Hopkins) et au son des rires de la belle Susannah, fiancée de Samuel, et d'une petite Isabelle II. En voix off, un vieil Indien qui nous explique le pourquoi du comment de qu'est-ce qu'on fait là. En sur-voix off, le père et les trois frères écrivent des lettres à une mère dont on ne sait pas si elle est morte ou simplement absente. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. À peine si on sent de légères tensions entre les frangins, tous sous le charme de la petite fiancée du benjamin.
Puis arrive l'élément perturbateur : Samuel (le plus jeune, pour ceux qu'ont pas suivi) veut aller en Europe participer à la première guerre mondiale. Comme l'animal est têtu comme une mule et qu'y a pas moyen de l'arrêter, Tristan et Alfred partent avec lui, laissant derrière eux un père angoissé, une fiancée éplorée, une petite fille désespérée et des amis déjà mélancoliques des jours heureux. On ne peut qu'aisément deviner la suite : le petit Samuel meurt dans les bras du beau Tristan, qui avait pourtant juré de veiller sur lui et de le ramener entier. Alfred, blessé, rentre au bercail et apporte avec lui la mauvaise nouvelle. Profitant de ce qu'il a le champs libre (Tristan, qui perd les pédales, est resté au front où il fait un massacre et scalpe les Allemands au sens propre), le jeune Fred, qui vient, rappelons-le, d'enterrer son petit frère, avoue son amour à la belle Susannah. Sauf que voilà, la belle Susannah, elle, est sous le charme du beau Tristan, qui finit d'ailleurs par être rapatrié, sans doute pour cause de traumatisme psychologique. Vaincu, Alfred quitte la place. Reste nos deux zozios, qui, après un petit bond de quelques années dans le futur, ne sont toujours pas mariés et vivent dans le pêché. Mais Tristan devient fou peu à peu, et, à son tour, choisit la voie de la fuite. On est loin des joyeux jeunes gens qui pic-niquaient et se taquinaient au début du film.
Je ne vous raconte pas la fin, j'en ai dit assez. Qu'il vous suffise de savoir qu'on a là un beau mélodrame bien américain. J'ai aimé, ceci dit, même si il n'y avait pas vraiment de trame ou de fil conducteur à l'histoire. On observe seulement des êtres humains se décomposer, du père qui vieillit aux enfants qui meurent ou s'affaissent sur eux-même, écrasés par le poids des années, de la peur et de la culpabilité. À voir pour les paysages grandioses, un Brad Pitt et un Anthony Hopkins somptueux (on commence à le savoir), et pour ceux qui ont envie de renvoyer leur moral dans leurs chaussettes.

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