Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

mardi 26 septembre 2017

Au retour des Aventuriales 2017

L'objet du délit.
Dans le bus qui me ramène à Toulouse, la tension retombe d’un coup et je pionce du sommeil du juste pendant un bonne heure. Je bouquine un peu le temps de me réveiller -j’ai laissé les bouquins achetés aux Aventuriales dans mon sac de randonnée, dans la cale, pour ne pas entamer de nouvelle lecture alors que j’en ai déjà deux en cours, dont une pour l’université qui reprend pas plus tard que demain matin. Sur une aire d’autoroute, un message d’Estelle Faye, sur Facebook, m’annonce une ultime vente -si le lecteur ou la lectrice se reconnaît, je lui promets une dédicace et des stickers sur un prochain salon.

Quel week-end, mes enfants. C’était mon premier salon, mes premières dédicaces. L’enfant de huit ans qui avait fait serment, au salon jeunesse de Montreuil, de se trouver un jour de l’autre côté du stand, danse comme un guerrier autour de son feu de camp depuis deux jours.
Il faut dire que je n’en menais pas large, samedi matin, en arrivant sur le parking en compagnie de Natalie Bagadey et de Dorian Lake, ramassé sur le chemin du salon. Personne n’avait assez dormi -la veille, chez Luce Basseterre (big up et love sur ta tête, merci encore pour ton hospitalité et ta générosité, sept bénédictions sur toi, ta maison, ton jardin, tes poulettes, tes enfants, tes petits enfants, ton chat), on avait veillé plus tard que prévu toutes les trois, en compagnie de Yuca, l’étudiante japonaise, et de Nathalie Dau et Valérie Simon. Je sais pas si c’est un truc d’auteurs d’avoir toujours tant de choses à se dire… Pour ma part, la rumeur des conversations avait constitué un bruit de fond salutaire, car c’est tandis que leurs voix bourdonnaient à mes oreilles que j’écrivais les dernières scènes d’Il nous reste le ciel. Ne nous emballons pas, les deux tiers du troisième tome restent à rédiger, mais son écriture a désormais un arrière goût de finalité -je mens un peu, là, encore que pas totalement… On en reparlera.
Samedi matin, donc, une heure avant l’ouverture officielle du salon, j’étais en PLS sur le parking, Nathalie se marrait parce qu’en tant que ma plus grande fan autoproclamée (big up !) elle pouvait bien se le permettre, et moi je ne savais pas ce qui serait pire : que des gens viennent me voir, ou que personne ne se montre.

Vous le sentez, le PLS, ou pas du tout ?
De neuf à dix heures, je me suis baladée dans les allées en regardant les éditeurs et les auteurs s’installer -l’avantage d’être chez le libraire, et aussi d’être arrivé sous préparé, c’est que j’avais pas grand chose à faire niveau mise en place. Pendant que Stéphanie, de la librairie du Cadran Solaire, disposait vingt exemplaires d’Il nous reste le ciel et une quinzaine de Positive Way juste à côté des bouquins d’Estelle Faye, je suis allée me lamenter devant la maquette d’une ville -j’étais beaucoup plus sous-équipé que je ne l’avais anticipé. Par acquis de conscience, je suis allé disposer les stickers de Charlotte DeBoever sur mon coin de table, et j’en ai profité pour piquer des fraises Tagada dans le crâne qui accompagne Valérie Simon en dédicaces -une fois qu’on s’est dit trois fois qu’on est sous-préparé on arrête, même quand on est en PLS.

J’en profite pour poser un big up à Nanouk, le bébé berger australien de trois mois tellement fluffy que j’ai failli mourir en le caressant. Pour jouer avec un chiot on est obligé de quitter cette foutue Position Latérale de Sécurité, et puis ça donne la pêche, les boules de poils.

Estelle Faye dans toute sa splendeur.
Bon gré mal gré et en dépit de quelques couacs et drames, il a bien fallu démarrer. Je me répétais que si personne ne m’achetait rien j’en ferais pas un drame, qu’après tout passer deux jours aux côté d’Estelle Faye ça déchire. J’avais eu l’occasion de rencontrer Anna Combelle et aussi plein de gens sympas style Morgane Ranzini (big up à toi !), préposée au chiot tout fluffy en ma compagnie, et qui m’a acheté, si je ne m’abuse, mon dixième bouquin.
Oui parce que du coup à l’heure où tout le monde a commencé à partir déjeuner j’avais déjà vendu et dédicacé quatre bouquins, dont un seul à quelqu’un que je connaissais -ce qui veut dire, oui, vous avez bien lu, que trois parfaits inconnus avaient été suffisamment convaincus par mon blabla (et celui de Nathalie Bagadey, on va pas se mentir) pour acheter mon livre. À ce stade je nageais tellement en pleine hallu que j’ai déjeuné sur mon stand avec Morgane de peur de rater une vente.
Le premier jour, j’ai vendu dix Ils nous reste le ciel et deux Positive Way. Dans mon petit carnet j’avais créée un tableau pour compter les ventes, et j’ai réalisé très vite que j’aurais dû rajouter une troisième colonne intitulée « Gens envoyés par Nathalie Bagadey », y aurait eu facilement une demi douzaine de petits bâtons rien que dans celle-là -du coup double big-up ! L’auteur jeunesse refoulé en moi a rejoint la gamine de huit ans dans sa danse de victoire quand j’ai vendu le bouquin à deux enfants : Amandine, douze ans, et Louise, treize ans.
Je me permets de faire un paragraphe sur ma rencontre avec Louise parce que wesh. J’ai appris par la suite que c’était la fille du restaurateur d’En attendant Louise, restaurant local partenaire des Aventuriales dont la truffade… Okay, attendez, je ferais un paragraphe sur la truffade d’En attendant Louise plus tard, je vais commencer par vous parler de Louise. Louise, elle m’a fait halluciner parce qu’elle est passée plusieurs fois sur le stand avant de m’acheter le bouquin, et que je suis resté fermement convaincu que j’avais affaire à une adulte malgré sa petite taille et son air d’enfant jusqu’à ce qu’un doute me fasse lui demander son âge. J’ai failli tomber de ma chaise. Comme j’ai réussi à rester dessus sans trop me ridiculiser, on a parlé du marché du travail dans le domaine de l’interprétariat, menacé par le développement des intelligences artificielles. Voilà voilà.

Inutile de vous dire que j’étais sur un nuage, genre même pas sûre que c’était pas un rêve, quand on a fini par se replier sur le restaurant En attendant Louise pour le repas du soir. Je sais pas comment vous expliquer, mais en gros cette truffade ne m’a absolument pas aidé à me convaincre que j’étais pas en train de rêver. On croirait pas que des patates et du fromage puissent être aussi bons mais si en fait. On croirait pas non plus qu’on puisse venir à bout de cette poêle géante, même à sept, et là par contre on aurait raison de pas y croire parce qu’on en a laissé, un crime qui me hantera jusqu’à la fin de mes jours mais qu’y puis-je si l’espace à l’intérieur de mon estomac est aussi limité ?

Dimanche matin -moins de livres, moins de stickers, moins de sommeil...
Le dimanche, l’installation des stands étant déjà faite, on est arrivées à dix heures plutôt qu’à neuf. Pour moi ça sentait déjà la fin, je partais dans l’après-midi, les bagages étaient faites. Comme souvent le dimanche dans les salons, on a moins vendu que le samedi. Je nourrissais le secret espoir de dégommer le reste du stock d’Il nous reste le ciel pour épater la galerie, mais je n’ai réussi à en vendre que deux -et quand je dis je il faut comprendre Nathalie Bagadey et moi, pour celles et ceux qu’auraient pas suivi. À l’heure du déjeuner j’ai parié à Estelle Faye que j’étais cap de vendre son dernier exemplaire de Porcelaine en son absence. Pari gagné en genre, deux secondes. Estelle Faye a tendance à beaucoup gambader en salon, apparemment, et comme j’avais lu deux de ses romans je me suis surprise à tenir deux stands à la fois parce qu’on peut difficilement laisser les gens passer sur un bon bouquin, a fortiori quand on l’a pas écris soi-même. En fait c’est plus facile de vendre les romans des autres, en tous cas moi ça me donne moins l’impression de baratiner. Big up, Estelle !

Et me voilà dans le car du retour. Que dire ? Bilan des ventes : treize Il nous reste le ciel et deux Positive Way, sans compter tous les exemplaires du dernier Gandahar, dans lequel figure ma nouvelle La révolte du pantin (entre celles d’Estelle Faye et d’Aurélie Wellenstein, c’te classe !).
Livres achetés (et je me suis restreinte) : La Débusqueuse de mondes, de Luce Basseterre ; Les Seigneurs de Bohen, d’Estelle Faye ; La Mort du Temps, d’Aurélie Wellenstein.
Gens rencontrés : je n’ose pas faire la liste de peur d’en oublier certains.
Niveau de gratitude : infinie. Ce salon était magique, je m’attendais à vendre, genre, deux livres à des potes, j’en ai vendu quinze dont seulement trois à des gens que je connaissais avant les Aventuriales. Les stickers de ma sœur ont connu un franc succès (il y en aura d’autres, qu’on se le dise !). Deux documentalistes ont pris mes coordonnées et les références de mon livre afin de l’acheter pour leurs CDI. Une bibliothécaire est venue me saluer et prendre des stickers car elle venait de recevoir le livre dans sa médiathèque. J’ai discuté avec des enfants, des enseignants, des auteurs, des parents, tellement de gens…
Les paroles et les conseils d’Estelle Faye et de Nadia Coste m’ont apporté beaucoup de réconfort et m’ont rassuré quant à l’avenir. Comme souvent lorsque je participe à un évènement littéraire, la présence de tous ces gens et de tous ces livres m’ont boosté.

La fluffytude
Pour tout ça et pour tout le reste, je voudrais remercier toutes les organisatrices et tous les organisateurs des Aventuriales pour m’avoir invitée à vivre ce conte de fée. Je préfère ne pas vous nommer de peur d’écorcher le nom de quelqu’un ou d’en oublier un autre, mais vous vous reconnaîtrez, et vous avez toute ma gratitude. Je serai heureuse de tous vous revoir quel que soit le contexte, et je reviendrai aux Aventuriales l’an prochain, que ce soit en tant qu’auteur ou en tant que visiteur.

Love sur vos têtes à toutes et à tous <3 rendez-vous en novembre pour Fantasy en Beaujolais, où j’essaierai d’être moins sous-équipé.

Chloé Jo Bertrand

PS : J’AI CARESSÉ TROIS CHIOTS !!!!!!!
PPS : ce post est certifié sans problème d’accord.