Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

vendredi 11 avril 2014

Chronique : Mon père est parti à la guerre

Non, non, ce blog n'est pas mort.

Mon père est parti à la guerre
John Boyne
traduit de l'anglais (Irlande) par
Catherine Gibert




Résumé : Le 28 juillet 1914, à Londres. Alfie Summerfield fête aujourd'hui ses cinq ans. Pourtant il n'y a pas grande monde à la petite fête organisée par ses parents, et pour cause : la première guerre mondiale vient d'éclater.
Ce jour-là Georgie, le père d'Alfie, promet qu'il ne s'engagera pas. Le lendemain il paraît dans le salon en uniforme militaire. Quatre ans plus tard, alors que le gouvernement promet (encore) la fin des combats pour bientôt, les lettres ont cessé d'arriver et Alfie ne croit pas sa mère, qui dit que son père est en mission secrète. Mais dans ce cas, où est-il ?

Ma chronique : La preuve que ce bouquin est une tuerie : je l'ai dévoré en deux jours ! Ça tombe bien, j'en avais soupé de la seconde guerre mondiale, ravie qu'on se décide enfin à me parler de la première !
Le point de vue choisi, celui d'un enfant qui vie le conflit à travers les adultes qui l'entourent, permet de garder une certaine légèreté tout en accentuant, de manière tout à fait paradoxale, la gravité de certains moments. Pour Alfie les drames sont effroyablement dramatiques, le reste n'a qu'une importance secondaire.
On évoque souvent le front et les poilus quand on parle de la der des der, John Boyne nous garde à l'arrière. Les mères qui doivent se mettre à travailler pour nourrir leurs enfants, les étrangers de l'Est, qui, bien que nés sur le sol britannique, sont embarqués et détenus comme prisonniers de guerre. Les 'objecteurs', ceux qui, jusqu'au bout, ont refusé de y aller, et ont dû subir les regards de leurs voisins.
Le plus terrible, ce sont ces passages dans un hôpital militaire, qui dépeignent les ravages de la guerre non seulement sur les corps mais dans les esprits. Les soldats rapatriés du front sont gravement traumatisés, les dégâts dans leurs têtes sont plus effroyables encore que leurs blessures physiques.
L'écriture de John Boyne -et celle de Catherine Gibert, la traductrice, est fluide et rend la lecture aisée, même pour un enfant. Les questionnements d'Alfie, qui doit souvent y répondre tout seul en faisant des hypothèses erronées, contribuent à alléger un texte au thème bien lourd.
Les personnages sont bien dessinés, le point de vue d'Alfie est superbement exploité, l'histoire se lit aussi vite et facilement qu'elle se déroule, bref, que du positif ! À lire !

Merci à Gallimard Jeunesse pour leur confiance.