Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

mercredi 24 avril 2013

Chronique, acte 14, scène 812

Le bon Antoine
de Marie Desplechins


Je ne fais même plus de commentaire sur mes retards --"

Résumé : Antoine est un brave type. Un bon copain. Bref, une poire. Ce qui va lui attirer quelques ennuis, rapport à un tagueur lâche chez qui il a oublié son sac-à-dos (cherchez pas, c'est une relation de cause à effet). Sauf qu'en plus d'être une poire, Antoine a un faible pour les jolies filles, et en plus Murphy a visiblement envie de rigoler. Alors Bébé et son bébé apparaissent sur la route d'Antoine. Et il plonge tête la première dans les ennuis. Bon. On est entrés mais on est pas sortis de l'auberge.

Ma chronique : Bah pour commencer, j'ai bien aimé. C'est sympa, frais, les personnages sont attachants (sauf Bébé. Elle du début à la fin, j'avais envie de la tuer.). En plus le personnage principal porte le même nom que mon petit frère, et me fait furieusement penser à lui. Ceci mis à part, ce roman n'avait rien de très exceptionnel, et s'il m'a parfois fait doucement sourire/rire, il convient davantage à une autre tranche d'âge -moi, à vue de nez, je dirais 11 à 15 ans, mais pas plus.
N'ayant pas lu La Belle Adèle, s'il y avait des liens à faire je ne les ai pas fais. Ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier l'écriture claire et fraiche de Marie Desplechin. En donnant la parole à Antoine, il lui faut prendre la voix d'un adolescent à qui les adultes ont du mal à faire confiance (et pour cause !), et qui lui même ne sait pas dire non à ses amis. D'où la loi de Murphy : tant que les choses peuvent empirer, y a pas de raison que ça s'arrête. Et ça ne s'arrête pas, et on a presque envie de s'arracher les cheveux !
De même, si Bébé (le personnage, pas le bébé) m'a donné des envies de meurtre tout au long de ma lecture (on a pas idée d'être niaise à ce point !), il faut quand même reconnaître la difficulté de camper un personnage pareil de façon réaliste -ce que Mme Desplechin parvient à faire.
L'univers du collège est aussi très bien dépeint : ce mur invisible et infranchissable entre les adultes qui y travaillent et les élèves qui y... traînent ? La façon dont l'intégralité des élèves d'un collège peuvent être au courant de quelque chose, en parler entre eux, mais garder professeurs, surveillants et CPE dans l'ignorance... Oui, décidément, c'est tout à fait ça. (Je me permet d'ajouter, n'en déplaise aux ados, que la réciproque est souvent vraie aussi, mes agneaux...) Et puis on retrouve dans la bande de copains d'Antoine l'ambiance bien connue au sein de toutes les bandes de collégiens qui se réunissent chez les uns et les autres -tout pour échapper aux parents. J'ai souvent pensé que si je trouvais la majorité de ces garçons idiots, on devait au moins leur reconnaître qu'ils savaient faire preuve de solidarité : sur un coup de fil, un appel à l'aide, toute la bande débarque, prête à tout, même au pire. Et si ce mouvement de foule provoque parfois des situations dramatiques, dans le Bon Antoine, on ne peut que s'amuser et s'attendrir de les voir essayer de se soutenir maladroitement.
Un roman humoristique, donc, jamais faux, souvent drôle, qui nous renvoi à nos années collège (merci bien !), ou tout simplement les teinte d'un peu de clarté. C'est jamais drôle d'être adolescent, sauf dans les livres. C'est pourquoi je recommande ce roman à tous les collégiens qui passeront par ici -et même à ceux qui n'y passeront pas, d'ailleurs. Et parce que s'il devait y avoir une morale à cette histoire, une leçon à en tirer, c'est que les choses finissent toujours par s'arranger quand on fait ce qu'il faut pour, même lorsqu'on est au fond du trou. S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y pas de problème !