Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

mercredi 14 novembre 2012

Critique dans le cadre des match de la rentrée littéraire 2012

L'Amour sans le faire
de Serge Joncour
Éditions Flammarion



Dans le cadre de la Rentrée littéraire du site Price Minister, j'ai reçu et lu L'Amour sans le faire, de Serge Joncour, et doit donc ici en faire la chronique. Lien vers la fiche du livre sur Price Minister en fin de critique.

J'ai beaucoup de choses à dire sur ce livre, mais je vais commencer par vous faire partager la quatrième de couverture, un petit résumé, et vous expliquer pourquoi j'avais choisi celui-là parmi la liste d'ouvrages proposés.

Après dix ans de silence, Franck téléphone un soir à ses parents. Curieusement, c'est un petit garçon qui décroche. Plus curieusement encore, il s'appelle Alexandre, comme son frère disparu des années auparavant. Franck décide alors de revenir dans la ferme familiale. Louise, elle, a prévu d'y passer quelques jours avec son fils. Franck et Louise, sans se confier, semblent se comprendre. "On ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste", pense Franck en arrivant. Mais dans le silence de cet été ensoleillé et chaud, autour d'un enfant de cinq ans, "insister" finit par ressembler à la vie réinventée.

Résumé : Franck s'est éloigné de sa famille en montant faire ses études puis sa vie à Paris. La vie à la campagne, très peu pour lui. Depuis toujours, il préférait voir le monde à travers la lentille de sa caméra. Il a fini par devenir cadreur, et travail au rythme des émissions, des documentaires, des reportages. Rien de trépidant. À plus de quarante ans, il vit seul et ne travaille pas souvent. Un jour, sans raison apparente, il décide de revenir à la ferme familiale. Ayant dans l'idée de prévenir de son arrivée, il téléphone. Il est surpris d'avoir un enfant au bout du fil. Plus surpris encore que cet enfant s'appelle Alexandre. Un Alexandre, il y en a bien eu un dans la vie de Franck, mais il est mort bien des années auparavant, ça ne peut pas être lui. Un peu perturbé, Franck raccroche, mais décide d'y aller quand même.
Louise vit seule à Clermont Ferrand depuis la mort d'Alexandre. Elle travaille dans un atelier de télécommandes où les six ouvrières restantes passent leurs journées de travail à tromper l'ennui en attendant qu'on leur annonce qu'elles sont au chômage. Sur l'insistance de ses collègues, Louise prend six jours de vacances, et va rejoindre son fils de cinq ans qu'elle a laissé à ses presque-beaux parents, dans leur ferme, à la campagne. Elle est d'autant plus soulagée de s'éloigner qu'un homme avec qui elle a eu une liaison se fait de plus en plus insistant...
Franck et Louise ne se connaissent que de loin. Pourtant ils se comprennent immédiatement. La présence de l'autre finit par allumer comme une lueur d'espoir dans leurs vies...

Pourquoi ce livre là : Ceux qui me connaissent auront deviné tout seul. J'aime les histoires d'amour. C'est niais, je sais. J'assume complètement. Ou pas. Bref.

Chronique : je suis un peu déçue. Navrée de commencer comme ça, mais c'est ce qui ressort principalement de ma lecture. À vrai dire, je crois que la quatrième de couverture est à mettre en accusation : le résumé qu'elle propose est un peu trompeur. En réalité, plus de la moitié du roman décrit les vies respectives de Franck et de Louise, l'un à Paris l'autre à Clermont Ferrand, et le trajet, bien que court, qu'ils doivent faire pour aller jusqu'à la ferme. Ça m'a donné l'impression d'une mise en situation qui durait, un incipit qui s'éternise. Je me suis surprise plusieurs fois à me demander quand est-ce que ça commençait, à devoir résister à la tentation de feuilleter quelques pages pour voir si le shmilblick avançait un peu plus loin. Après, faut préciser que je suis habituée à des bouquins qui bougent davantage. Moi mon truc c'est l'action, les dragons, les vaisseaux spatiaux, et parfois aussi les ados déchaînés qui badent un peu mais qui découvrent qu'ils peuvent s'en sortir en s'accrochant les uns aux autres. Donc, pas de panique, et ne vous laissez pas trop influencer par mes premières remarques.

Du reste, je pense qu'en format cinématographique, j'aurais adoré, parce que l'histoire me plaît beaucoup. Les paysages décris semblent grandioses, et Serge Joncour arrive très bien à nous faire rentrer dans son univers. La campagne en plein été, on y était -et pourtant je suis à Londres et l'hiver s'annonce, c'est dire. Je trouve également que le personnage d'Alexandre, un enfant de cinq ans, est particulièrement bien campé. Il est toujours difficile de rendre crédible un dialogue dans lequel intervient un enfant, surtout aussi jeune, car il faut coller à son âge. Dans le cas présent, l'auteur y parvient tout à fait -ce qui m'amène à me demander s'il côtoie régulièrement des enfants de cinq ans ou s'il est juste talentueux. En réalité, tous les dialogues sont bien amenés et adhèrent à la personnalité de leurs personnages. Il est difficile de faire la part des choses en ce qui concerne Franck et Louise, les deux "citadins", puisque leur langage n'a rien de particulier. Mais la manière dont s'expriment les parents de Franck, ainsi que ses anciens amis d'enfance, correspond tout à fait à de vieux paysans. Je pouvais presque entendre leur accent...

Par la suite, il n'y a pas énormément d'action, le temps s'écoule au rythme de la vie à la campagne pendant l'été. Campagne qui, comme partout en France, se vide peu à peu. Les champs ont laissé place aux terrains vagues pleins d'herbes sauvages, les chiens n'aboient plus, les moulins ne tournent plus. Ainsi, le roman met en avant, a dessein ou non, le destin de nos campagnes, qui semblent vouées à redevenir des zones sauvages et inhabitées à mesure que la population se retranche vers les villes et qu'on délocalise les usines.

Puisqu'il me faut noter ce livre, je lui donnerais un 16/20. Malgré qu'il ne s'y passe pas assez de choses à mon goût, je le recommande quand même, car il est bien écris. On s'y laisse prendre.

(Ceci étant dis, Papa abstiens toi. Maman, par contre, vas-y, toi tu vas aimer.)

L'Amour sans le faire, de Serge Joncour

Jo

jeudi 18 octobre 2012

Où est passée Lola Frizmuth ? Ou : Et une chronique de plus ! Une !

Chronique numéro X

Où est passée Lola Frizmuth ?

d'Aurélie Gerlach


Résumé : Lola Frizmuth, dix-huit ans, passe son bac dans un mois. Panique à bord, stress et révisions sont au rendez-vous de ce fantastique roman sur les examens et... Mais non, ne fuyez pas ! JE RIGOLE ! LOL,  quoi ! XD Lola a bien dix-huit ans et passe bien -ahem, théoriquement- son bac dans un mois. Sauf qu'elle a franchement autre chose à faire, et avec son emploi du temps de ministre c'est pas garanti qu'elle trouve le temps de s'en occuper. Oui parce que figurez vous qu'en foutant le camp pour le Japon dans le but ô combien romantique de retrouver son petit ami Tristan, Lola s'est retrouvée embarquée dans une folle histoire de yakuza. Bref, la voici cavalant à travers le Japon pour échapper à une bande de cinglés qui, allez savoir pourquoi, en ont après la carte sim de son téléphone. Heureusement pour elle, elle peut passer son hystérie sur Lionel, le gentil stagiaire français de l'ambassade de France, qui ne sait toujours pas comment diable il s'y est pris pour se mettre dans une situation pareille. Et puis on attend la kalachnikov de son papa en renfort d'une minute à l'autre, alors tout va très bien, Madame la Marquise, hum ? Ah, par contre on a perdu Tristan, il fait de la plongée sous-marine avec, hum, sa, comment a-t-il dit, juste avant de se faire assommer à coups de chaussures ? Ah oui, voilà : sa prof particulière de Japonais. Qui, soit dit entre nous, porte très bien le peignoir en satin. Quoi ?

Ma chronique : Vous êtes largués ? C'est normal, pas de panique. Ce bouquin est un atome d'hystérie brut, ce qui explique que mon résumé soit lui-même marqué par cette hystérie. J'ai pourtant attendu une bonne semaine avant de vous écrire cette chronique, pour que les effets secondaire soient passés -en vrai j'avais la flemme, mais ne le répétez pas !

Bon, j'aime mieux vous le dire : c'est pas le bouquin du siècle. Entendons nous bien : ce livre a d'immenses qualités -entre autres son indéniable capacité à me fouler plusieurs côtes, vu que je l'ai lu de nuit et que je ne pouvais guère me permettre de réveiller toute la maison dans un moment de fou rire. Ajoutons à cela que la quasi intégralité de l'action se déroule au Japon, pays que l'auteur connaît bien, et ça se voit : je n'ai pas vérifié parce que je n'ai pas eu l'occasion d'aller au Japon ces derniers temps, mais on s'y croirait. Ceux qui y sont allés jurent que ça sent le vécu -et je les crois sur parole.

Non, vraiment, j'applaudis : prendre une kikoolol (définition) de dix-huit piges, la coller dans un avion en partance pour le Japon, changer sa carte sim avec celle d'un yakuza, et ensuite regarder ce qui se passe, c'était franchement une idée de génie. J'ai rarement autant ris avec un bouquin.

Avant de basculer sur le négatif, on reste encore un peu dans le positif et je vous parle des personnages. Et avant tout, de mon personnages préféré, le seul, l'unique, j'ai nommé...

... LOTHAR FRIZMUTH ! Blond, deux bons mètres de hauteur, un accent allemand à couper au couteau, Monsieur a l'air aussi détaché que Mademoiselle sa fille. Ce qui ne l'empêche de sauter depuis Frankfort dans un avion pour Tokyo afin de sauver sa fille chérie. Allez savoir comment il a fait pour passer à la douane une kalachnikov dans un sac de sport. Allez savoir pourquoi, lui et le chef des yakuzas sont très surpris de se tomber dessus, bah ça alors ! Ça faisait longtemps ! Comment ça va ? Les affaires ? Ça gaze ? Affichant un calme olympien qui contraste grandement avec l'hystérie de sa fille, Lothar est parfois un peu trop détaché des événements. Oui, oui, Lionel, on va sauver Lola. Tu permets que je mange un peu d'apfelstrudel, avant ? Oui ? Merci.

Dans la famille chtarbée, je demande la fille : LOLA FRIZMUTH ! Pas besoin de vous faire un dessin, faut de toute façon en trimballer une énorme couche pour fuguer au Japon à un mois du bac. Mais la preuve la plus flagrante de la folie -enfin, de l'inconscience frisant la folie, plutôt, mais ça revient au même- de Mademoiselle est la suivante : si vous vous retrouvez par hasard avec la carte sim d'un yakuza dans votre téléphone et qu'on vient vous la réclamer tout en braquant un flingue sur votre tempe, qu'est-ce que vous faîtes ? Vous la rendez sans faire d'histoire, je suppose, comme moi ? Vous ne décidez pas de faire courir un peu tous ces messieurs, histoire de leur apprendre à demander poliment ? Bah, Lola, si. C'est ce qu'elle fait. Plutôt bien, d'ailleurs.

On poursuit, et pour rester dans la famille, voici : MADELEINE ! Demie soeur de Lola, elle apparaît parfois entre les chapitres, sous forme de SMS écris tout en majuscules, histoire de bien faire comprendre qu'elle est TRÈS TRÈS REMONTÉE !!! Faut dire qu'il y a de quoi devenir dingue, avec une famille pareille : une soeur carapatée au Japon, un beau père qui va la chercher en zigzaguant et une Maman complètement larguée, fin bref, vous voyez le topo ?

LIONEL BRESSON DE ROUSSEL ! Avec un nom pareil, je suis sûre que je n'ai même pas besoin de vous le décrire : coiffure à la "Gontrant", petites lunettes, tiré à quatre épingles, serviette (de documents, et pas de plage) sous le bras. Il a rien compris, le pauvre Lionel : un instant, il était le petit stagiaire de l'ambassade qui tuait le temps en essayant de filer gentiment un coup de main à la blonde atomique paumée qui pendait à son bras depuis le métro japonais, l'instant d'après il cavalait sous les tirs de mitraillette. Y a même eu une période pendant laquelle il se soupçonnait fortement d'être en pleine hallucination. Ceci étant dit, ne vous y trompez pas : sous ses airs de petit gratte papier se cache un jeune homme plein de ressources, et surtout de courage.

Je ne vous décris pas les yakuzas, il faut quand même qu'il vous reste un minimum de surprise. Je n'ai pas beaucoup de points négatifs à soulever face à une écriture fluide, un scénario à mourir de rire qui nous tient en haleine du début à la (presque) fin, si ce n'est l'invraisemblabilité de certains passages. Dans la réalité, ces messieurs-dames seraient tous morts vingt fois et Lola n'aurait jamais réussi à mettre à terre, presque par erreur, un yakuza surentraîné. Ni à le semer dans le métro, même avec l'aide de Lionel. Ni à réchapper à une fusillade, même avec l'aide de son père. Bref, attendez-vous à du gros délire. Mais franchement, lisez-le, ça vous fera piquer une bonne crise de rire, et ça vous donnera peut-être même envie d'aller visiter le Japon -faîtes juste gaffe à vos portables, quand vous serez dans l'avion. Juste au cas où.

Sur ce, je vous quitte, et m'en retourne à mes lectures/écritures/leçons d'anglais.

Peace, love et kikoolol ! <3

Jo

jeudi 6 septembre 2012

BZRK

de Michael Grant


Résumé : Étrange et effrayant image, n'est-ce pas ? Vous n'avez encore rien vu (c'est le cas de le dire)...

À l'aube d'une nouvelle ère technologique, Charles et Benjamin Armstrong, jumeaux siamois se partageant un corps grotesque doté de trois yeux, trois jambes et deux visages, sont les leaders du groupe Armstrong Fancy Gift Corporation. Dégénérés, ils veulent unir l'humanité en paramétrant chaque cerveau pour en ôter la haine, la jalousie et la violence, et unifier nos pensées les unes par rapport aux autres. Transformer l'humanité en un immense réseau de cerveaux réfléchissant à l'unisson... L'invasion a déjà commencé : à notre insu, des bataillons de minuscules nanobots, contrôlés à distance par les petits génies au service des jumeaux, envahissent nos cerveaux en entrant par les yeux ou les oreilles. Bon nombre d'entre nous sont déjà infestés... Il suffit que One-Up vous bouscule dans la rue, que Bug Man vous sert la main, que Dietrich ou un autre des lignards de AFGC vous effleure, et leurs invisibles insectes mécaniques entament l'ascension jusqu'à votre visage. N'ayez pas peur : vous ne les verrez pas. Vous ne sentirez rien. On ne sent pas ce qui se passe à si petite échelle...
Mais déjà, dans l'ombre, un autre camps s'est formé. Dissimulant leurs véritables identités sous des pseudonymes empruntés aux fous qui ont marqué le temps et l'Histoire, BZRK, groupe de résistance mené par le(la) mystérieux(se) Lear, organise une contre-attaque. Contre les nanobots, les biobots. Ceux-là ne peuvent se contrôler au delà d'une certaine distance, et pour cause : ils sont liés génétiquement à leur pilote. Pour ce dernier, la perte de ses biobots, c'est la folie assurée.
C'est ainsi que nos cerveaux devinrent champs de bataille : Bug Man, Burnofsky, One-Up, Dietrich et compagnie contre Vincent, Ninjiski, Keats, Plath, Wilkes et Ophélia. Nano contre bio. La liberté ou la folie.

Ma chronique : Bon, pas besoin de vous faire un dessin, il vous aura suffi de lire le résumé pour comprendre à quel point j'ai été transportée. C'est la première fois que je lis un truc pareil, vraiment. Démentiel. Berzerk (je me comprend). Je ne sais pas si quelqu'un avait déjà écris sur l'infiniment petit... Si quelqu'un avait déjà osé décrire les profondeurs du corps humain avec une telle précision... C'est fou tout ce qui se passe dans notre corps ! Complètement fou ! Pas étonnant que les personnages deviennent cinglés !
Bon, honnêtement, je ne le recommande pas aux plus jeunes. Trop effrayant, trop dur, trop sombre. Mais les autres, allez-y, plongez vous dedans jusqu'au cou, et que je ne vous en voit pas ressortir avant le mot FIN ! Ou plutôt le mot À SUIVRE, étant donné comment ça fini...
À côté, le style de Michael Grant m'a juste franchement fait poiler ! Et faut le faire, avec un scénario pareil, hein ? Il verse dans le cynisme du début à la fin, ce qui permet d'alléger un brin le ton grave de l'histoire. Cette sensation de catastrophe imminente. Parce que, finalement, se faire tuer, ce n'est rien. Torturer, passe encore. Mais la folie... "Entre la folie et la mort, je choisis la mort", déclare un des personnages, qui n'avait vraiment pas mérité de s'entendre réponde qu'il n'était pas habilité à prendre ce genre de décision. Pendant la lecture de ce livre, on s'attend à recevoir d'un instant à l'autre un avion sur la tête, à ce que nos dents sautent ou à ce que notre voisin se mettre à danser la gigue en gueulant "Nano, NANOOOOOO !!" sans raison apparente.
C'est un livre qui fait peur, j'aime autant vous prévenir. Peur parce que la nanotechnologie, on en entend de plus en plus parler, et qu'alors on peut se poser la question : si quelqu'un y pense, comment pourra-t-on l'arrêter ? Et si là, maintenant, en ce moment, une régiment de nanobots étaient en train de refaire les branchements de mes synapses, de mes neurones, de mon hippocampe et de mes nerfs, comment je pourrais le savoir ? Qu'est-ce que je pourrais y faire ?
Bienvenue dans l'univers sombre et délirant du nano. À si petite échelle, votre corps est une immense planète, une jungle envahie par une faune et une flore si variées que les répertorier prendrait des décennies, si ce n'est des siècles. Vos cheveux sont une forêt plus immense encore que l'Amazonie. Votre oeil est une sphère lisse au centre de laquelle s'enfonce un puit jusqu'au nerf optique, lui-même sentier jusqu'à votre cerveau. A-t-on la moindre idée de ce qui se passe sous notre peau ? Des avalanches dans nos veines et nos artères ? Des glissements de terrain juste sous la surface de notre visage ? Du champs de bataille qu'est devenu notre cerveau... ?

Bonne lecture...

mercredi 13 juin 2012

Sus aux Anglais !! Et au BAC...

Hello, mes petits anges ! Juste un mot, ou plutôt deux, pour vous faire savoir que :

Code de la route : J - 2

BAC : J - 5

Londres : J - 73, et pour ceux que ça intéresse, ça se passe par là -> http://monfabuleuxdestin-londres.blogspot.com

Hein ? Comment ça, ça fait trois mots et pas deux ?

Monde Magazine : Mlle LaCorneille, à l'approche des ces événements importants dans votre vie, pouvez-vous nous faire part de vos sentiments ?
Jo : Nan.
MM, qui en lâche son stylo : P... Pardon ?
Jo : Nan.
MM, après avoir ramassé maladroitement son stylo : M... Mais Mlle LaCorneille, cela fait un an que vous vous préparez à passer le code de la route, l'idée que ce jour tant attendu est enfin arrivé ne vous fait aucun effet ?
Jo, lissant ses plumes avec son bec : Ça me fait une belle patte. J'dis pas, c'est rigolo, hein ? M'enfin bon, si je le rate...
MM note fiévreusement : "La célèbre corneille aux plumes acérés semble manquer d'assurance en ce qui concerne cette épreuve, et sous estime ses capacités. Avons-nous enfin réussi à percer sa carapace ? Je vais tenter d'en savoir plus, chers lecteurs, et..."
Jo : Qu'est-ce que vous gribouillez ? Des horreurs bien grasses à mon sujet ?
MM : Du tout, très chère. Ne vous souciez pas de ça, et parlez-nous plutôt du BAC. Vous devez être en pleines révisions, j'imagine ?
Jo : Vous avez de l'imagination, alors...
MM : L'approche de cette épreuve, qui doit couronner vos onze années d'étude à la gloire de l'Éducation Nationale (MM essuie une larme), vous emplit probablement d'un mélange de soulagement, d'excitation et d'appréhension ?
Jo, en admirant ses griffes : Que dalle ! Je révise un peu, pour me donner bonne conscience. À peine. Qu'est-ce que c'est chiant, les périodes d'examen ! Je vais plus en cours mais je ne peux pas partir en vacances, du coup je m'ennuie...
MM note fiévreusement : "Notre rapace au plumage sombre affiche une assurance extrême qui contraste violemment avec ses inquiétudes précédentes. Elle ne semble en aucune façon douter de sa réussite au BAC malgré son peu de travail. Nous ne pouvons nous en étonner, chers lecteurs, quand, quelques mois plutôt, notre Magazine vous informait de la flémingite aiguë dont la célébrité semblait atteinte..."
Jo, grattant de ses griffes la pierre tombale sur laquelle elle s'est perchée le temps de l'interview, d'un air menaçant : Flémingite dont vous avez eu connaissance et vous infiltrant plus ou moins discrètement dans la clinique où j'étais examinée et en photocopiant tout à fait illégalement mon dossier médical, si je ne m'abuse...
MM, s'éclaircissant bruyamment la gorge et faisant mine de n'avoir rien entendu : Mlle LaCorneille, euh... À 73 jours de votre départ pour la capitale britannique...
Jo : 73 jours, vous l'avez dit. Repassez la veille du départ, y aura plus de matière à écrire un article sur mon état d'esprit à ce moment là.
MM : Mais à l'heure actuelle, alors que vos projets se concrétisent, ne ressentez-vous pas un élan de fierté face à tout ce que vous avez accompli, et ce malgré les terribles embûches que le destin semblait vouloir placer sur votre chemin ?
Fier de son envolé lyrique, MM s'essuie les yeux et se hâte de la noter fiévreusement. Jo penche la tête sur le côté et médite un instant sur la stupidité latente du journaliste.
Jo : Suis pas du genre à me laisser faire. Quand je veux quelque chose, je le veux, point barre ! C'est pas deux trois refus et un escroc qui se battent en duel qui vont me faire reculer ! Non mais !
MM note fiévreusement : "Manifestant avec violence sa rancœur contre ceux qui ont voulu contrecarrer ses projets, Jo LaCorneille fait savoir au monde que rien ne saurait l'arrêter !"
Jo : Z'avez jamais pensé à être écrivain, vous ? Du balais, maintenant ! J'ai RDV pour une autre interview dans une heure. Je suis quelqu'un de très demandé...
Monde Magazine quitte fiévreusement le cimetière, poursuivit par les croassements de LaCorneille.

mardi 1 mai 2012

Chronique numéro jesaispluscombien : Candypop : En route pour la gloire !

Je suis de retour (ah bon, j'étais partie ?), j'ai reçu un nouveau bouquin de chez Gallimard Jeunesse et j'ai pas envie de faire mes devoirs, alors je chronique !!


Résumé : Candy, quinze ans, est élevée seule pas sa mère à Bishopspool, une petite ville côtière du Royaume Uni. Dotée d'un style vestimentaire bien à elle (indescriptible en deux lignes, le seul moyen de comprendre c'est de lire le bouquin) et d'une passion pour la musique, elle vit entre sa mère déjantée, sa meilleure amie carrément frappée et une grand-mère adoptive à peu près saine d'esprit. Hein ? Ah non, c'est pas une histoire de fous... Fin bon, tout est relatif, hein ? Je peux reprendre ? Merci. Donc, en cette année de ses quinze ans, le monde de Candy s'effondre : sa mère lui annonce qu'elle va se marier avec son Jules du moment : Ray, un "gros looser". Certainement pas le beau-père dont elle aurait rêvé. D'ailleurs, de beau-père elle ne veut point. Et puisqu'on en cause, la jeune rockeuse en herbe décide de partir en quête de son père biologique. Elle et son amie Holly montent donc l'opération Qui-Est-Papa ? Tout en essayant, en parallèle, de mener à bien une autre opération, l'Opération Dantesque, qui doit mener leur formidable groupe de rock sur le chemin de la gloire. La première étape est en marche : recruter de nouveaux membres... Et si on pouvait se trouver un petit créneau, dans cet emploi du temps de ministre, pour saboter le mariage, on pourrait considérer qu'on a réussi notre coup.

Ma chronique : En lisant mon résumé, ceux d'entre vous qui ont l'insigne honneur de fréquenter à peu près régulièrement ma modeste personne ont dû penser que j'étais hystérique. Vous savez quoi ? ILS ONT RAISON !!!! Je vais essayer de limiter les mots et les phrases en majuscules mais je vous promets rien parce que j'ai grave KIFFÉ SA RACE !!!!! Pardon. Je vous explique :

Vous savez ce que c'est, un bon livre ? Enfin, un bon livre selon mes critères ? Et bien, ça doit me faire le même effet qu'un rêve, et je parle d'un vrai rêve, genre je dors et il m'arrive des trucs bizarres. D'abord je ne dois pas avoir envie de compter les pages ou de regarder l'heure, sinon c'est que c'est mal parti. Mais surtout, je dois rentrer dedans à tel point que, tant que je suis entrain de lire, j'ai oublié l'existence du monde extérieur. Quand on rêve on oubli l'existence du monde réel puisqu'on croit qu'on est dans le monde réel. Et bien un bon livre doit me faire le même effet. Enfin, dernier critère : quand je le pose, que ce soit parce que j'ai fini ou parce que je dois aller en cours ou me coucher, je dois être encore dedans. Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ce truc, en vous réveillant d'un rêve particulièrement élaboré où, par exemple, vous sortiez avec l'homme (ou la femme) de votre vie, et pendant quelques secondes/minutes, vous ne vous rendez pas compte que c'était un rêve, plutôt un souvenir.

Avec ces trois critères, vous savez déjà pourquoi j'ai adoré Candypop, mais je vais développer quand même, parce que j'aime écrire, que je reçois des bouquins pour ça, pour faire plaisir à mes fans et pour rendre service aux simples d'esprit qui passeraient par là. Inutile de me remercier, ça me fait plaisir.

Quand j'ai sorti le livre du colis, j'ai tiqué. Ensuite j'ai lu le résumé. J'ai re-tiqué. Ce genre de bouquin, je ne l'aurais pas spontanément acheté en furetant dans les rayons de Mille Pages ou du Cyclope. Je suis sortie depuis déjà un petit moment de ma phase "adolescente en manque d'amour avec des hormones qui dansent à tout heure", alors ce genre de livre pour jeune fille de 14/15 ans c'est rigolo, sans plus. Mais bon, ne crachons pas dans la soupe, je reçois des livres gratuitement et avant leur sortie, alors enjoy ! Le soir-même, j'ouvre le roman. Ça commence selon mes prévisions : rien de spectaculaire, une narration au présent et à la première personne du style : "Oh, quelle horreur ! Maman va se marier avec ce gros naze ! Vite ! Appelons ma meilleure amie et mettons au point un plan !" Non mais je vous préviens parce que ça pourrait vous décourager. Et pourtant je vous jure que mon frère pourrait aimer ce livre. Oui, ce grand truc viril avec des gros bras, une grosse voix et trop de cheveux. Mais ne nous égarons pas...

Je reprends ma lecture le lendemain soir. Je dépasse les deux, trois premiers chapitres. Et blam ! Premier choc. Ne vous attendez pas à ce que je vous dise de quoi il s'agit, je vous gâcherais carrément la surprise. Disons que j'ai assisté à une soudaine intrusion de la littérature fantastique dans la littérature chick-littique (oui, je fais des néologismes, je suis écrivain, donc j'ai le droit.), et que ça a donné un beau feu d'artifice. Je rigole nerveusement, je relis pour être sûre que je ne suis pas en plein délire, et c'est le sourire aux lèvres que je poursuis. À partir de là, tout est différent. D'abord parce que j'ai cessé de regarder Candypop comme de la littérature de bas rayon (on dit bas rayon plutôt que bas étage quand il s'agit d'un livre. Si, si... JE VOUS DIS QUE SI ALORS ARRÊTEZ D'INSISTER !) destinée aux adolescentes pré-pubères. Ensuite parce qu'entre la musique, l'ambiance survoltée et les remises en question de l'héroïne, entre son look déjanté et ses amis frapadingues, je me suis retrouvée en plein rêve. Et au réveil, l'empreinte était bien là, marque indélébile dans mon petit cerveau. Quand j'ai refermé Candypop pour la dernière fois, mes yeux ont dû se réhabituer à la pénombre de ma chambre après avoir été éblouis par les feux des projecteurs, et j'ai eu l'impression que tous mes rêves les plus délirants pouvaient se réaliser pour peu que je le veuille de toutes mes forces. Un brutal élan d'optimisme délirant s'est insinué en mois, faisant passer mon bac approchant (je suis à J-58) pour une promenade de santé, mes révisions urgentes pour une formalité, mes romans en cours pour l’œuvre de ma vie qui me propulsera au sommet, parce que je suis faite pour ça, parce que c'est mon Destin, le Destin avec un grand D. Et une soudaine envie de réveiller tout l'immeuble en jouant du piano à toute berzingue, ça tombe bien, j'ai un morceau de jazz sur le feu...

Voilà, je crois que tout est dit pour ce qui est de mon avis personnel. Je remercie bien sûr Lauren LAVERNE, l'auteur, pour nous avoir fait partager son génie, et les éditions Gallimard Jeunesse pour cette belle surprise au retour des vacances. Je recommande ce roman à tout le monde, en vous suppliant de ne pas vous laisser rebuter avant d'avoir dépassé les trois ou quatre premiers chapitres, je vous garantis que ça en vaut la peine. C'est tout pour aujourd'hui. Amusez-vous bien, mes petits chéris ! Et vivement la suite de cette formidable trilogie !

Votre chroniqueuse préférée, si douée et si modeste.