Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

jeudi 15 mars 2012

Des livres, des livres, encore des livres...

Salutations !

Alors, on va commencer par une bonne nouvelle : le dernier tome d'Eragon, L'héritage, sort en France le 21 avril. Il est commandé, acompte payé, ça c'est fait. Bon.

 
Pour rester dans le monde des livres, j'en ai lu deux tout récemment : un tout petit, hier, en vingt minutes. Et un plus gros, hier et aujourd'hui. Je commence par le petit. Non, c'est pas une question, je commence par le petit. Mais parce que c'est mon blog, c'est moi qui décide, non mais oh !
Guerre. Et si ça nous arrivait ?, a été écris par Janne Teller, Austro-allemande née à Copenhague en 1964. Essayiste et romancière, elle est également l'auteur, entre autres, de L’Ile d'Odin (Actes Sud 2003), Rien (Panama 2007) et Europa (Gyldendal 2004).
Écrit à la deuxième personne (Oui, vous avez bien lu. Non, je n'ai pas fait une faute d’inattention, merci pour moi.), le livre ressemble, par son aspect extérieur, à un passeport. Je vous le montre, ce sera plus simple :
Voilà. C'est un tout petit livre qui vient d'être traduit en France. Quand je l'ai lu, j'ai été faite prisonnière, je me suis retrouvée prise dedans, dans le récit, les engrenages. "Imagine : c'est la guerre..." C'est comme ça que ça commence. Imaginer, je peux faire, j'ai l'habitude. Du coup, quand elle poursuit avec "Imagine : les murs de ton appartement sont percés de trous, les vitres brisées... L'hiver arrive, les canalisations ont sauté. Ta mère est malade.", dans ma tête, je le vois très bien, l'appartement glacial percé de trous. Je les vois, les mômes avec un seau d'eau dans chaque main, courir tête baissée place de la République jusqu'au camion de ravitaillement, remplir leurs seaux à la pompe et repartir à fond les manettes pour éviter de prendre une balle : y a des tireurs embusqués tout autour... J'ai sursauté quand l'alerte à la population s'est mise à sonner, dans la librairie où je lisais, debout entre deux rangés. Un coup d’œil autour de moi m'a convaincu que j'avais rêvé. Je suis retournée à ma lecture...
Il faut lire ce livre. Vous savez pourquoi ? Parce qu'il inverse les rôles. Aujourd'hui, on parle énormément du problème de l'immigration et de la situation dans les pays arabes. D'ailleurs, c'est idiot, souvent on évoque ces deux sujets d'actualité sans les relier entre eux. Pourtant, la majorité des immigrés qui arrivent en France viennent de pays en guerre. Ce livre permet de se mettre à leur place le temps de quelques pages... Comment vivre dans un pays étranger ? Comment y travailler ou y étudier quand on parle peu ou pas la langue ? Comment s'intégrer à une population qui vous voit comme un intrus ? C'est drôle, mais maintenant, quand je croise un étranger venu d'Afrique, le regard fuyant, les vêtements sales, les mains baladeuses, je ne le regarde plus de la même façon. Je ne peux plus. Et si c'était moi ? En fait, j'ai même envie de les aider. C'est peut-être pas moi, mais ça pourrait être mon frère ou ma sœur... C'est mon frère et ma sœur. Après tout, ils ont probablement autant envie d'être ici que nous qu'ils soient là. Ils ne sont pas venus avec armes et bagages, la bouche en cœur, ravis de profiter du système et de nous dévaliser. Ils préféreraient être chez eux, dans leurs pays, leurs maisons, les villes et les villages où ils sont nés, où leurs parents ont vécu, où il y a leur histoire... Alors le moins qu'on puisse faire, c'est leur tendre la main, comme on souhaiterait qu'ils le fassent avec nous, si jamais les rôles devaient s'inverser...

Voilà pour la phase sérieuse. Et maintenant, mes petits chéris, on va passer au livre joyeux !!
Café Givré : malheureusement peu d'informations disponibles sur le net au sujet de l'auteur, Suzanne Selfors. Une jeune femme bourrée de talent, qui ira loin, c'est moi qui vous le dit ! Foi de Jo la corneille ! Crôaaa ! Euh, pardon...
L'histoire, en quelques mots (chose que je suis incapable de faire, on est bien d'accord, expression à ne pas prendre au pied de la lettre) : Katrina vit dans le petit village côtier de Nordby, en Norvège. Elle aide sa grand-mère à tenir son petit café Chez Anna. Café menacé de faillite, surtout depuis que le Java Heaven a ouvert dans la même rue. Un genre de starbuck très à la mode, où on vend du café garantis 100% bio dans de charmants sacs en papier avec des étiquettes "développement durable".
Un matin, en ouvrant boutique, Katrina trouve un drôle de vagabond en kilt endormi dans la cour du café. N'osant pas le réveiller, de crainte qu'il ne soit agressif, elle dépose près de lui un café chaud, quelques pâtisseries et un petit paquet de grains de café enrobés de chocolat. Elle ne se doute pas des conséquences que vont avoir sa bonne action sur son existence, celles de ses amis, de sa grand-mère, de leur café, et même de tout le village, tant qu'à faire...
Alors là, je sens monter une vague de protestations, et je vous arrête tout de suite : non, ce n'est pas encore une histoire d'amour bien niaise à l'eau de rose. Bon, d'accord, y a une petite histoire d'amour derrière. Mais, eh, ne faut-il pas un peu de romance dans chaque roman ? Ce n'est pas pour rien si les deux mots ont la même origine. Pour moi, la romance fait partie des ingrédients indispensables à un bon livre. À condition d'en user avec modération, bien sûr. Ce que Suzanne Selfors fait très bien.
En fait, Café Givré serait plutôt une sorte d'ode à la vie. La preuve que tout peut toujours s'arranger, même quand on pense que là c'est fini, on est au fond du trou, ça pourra pas être pire, et pis de toute façon ça pourra pas être mieux. Le jeune vagabond qui dormait dans la cour de Katrina est un de ces êtres fabuleux qui traversent les vies comme des flèches et les changent à jamais avant de disparaître vers d'autres existences à sauver. Ça me rappelle une scène du second tome de Tobie Lolness, un très beau livre de Timothée de Fombelle, que je vous recommande chaudement à tous : une jeune fille égarée se tient debout au bord d'un gouffre, se balançant entre la vie et la mort, et c'est finalement un coup de vent qui la pousse du côté de la vie et la fait chuter à côté du ravin, dans lequel elle ne tombe pas. Et bien le vagabond de Café Givré, c'est ce coup de vent qui vous pousse du bon côté et qui vous sauve du pire.
Que dire de plus ? Un jolie conte plein de poésie, à lire avec une tasse de chocolat chaud ou de café ainsi qu'une assiette de petits gâteaux faits maison à porté de main. Et peut-être même avec un chat ronronnant sur les genoux... Allez, je vous laisse savourer, et moi je vais me coucher avant de multiplier les fautes de frappe 'bâille'.

 
Bonne nuit tout le monde !!