Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

samedi 7 février 2015

Première chronique 2015

Hello ! Je suis encore en vie, et a priori toujours dans les fichiers de Gallimard Jeunesse, même si j'ai dû recevoir ce nouveau livre beaucoup plus tard que prévu. Au passage, bonne et heureuse année à tous.

Sans prévenir
Par Matthew Crow
Traduit de l'anglais par Marie Hermet

Résumé : Francis est un adolescent de quinze ans britannique un peu nerd sur les bords, fan de vieux films et de musique rock. La découverte qu'il est atteint d'une leucémie aurait pu ne pas bouleverser sa vie plus qu'une maladie grave ne le fait : moins d'école, médicaments, perte de cheveux, séjours à l'hôpital. Seulement il rencontre Ambre, explosive, caractère de chien, pas toujours aussi forte qu'elle le voudrait. Et ça, ça change tout et ça ne change rien.

Ma chronique : Si mon résumé est aussi confus c'est parce que j'ai eu beaucoup de mal à cerner ce roman et ce que j'en pensais. Il y a une chose que j'ai définitivement apprécié : l'absence de raz-de-marée. Le héros chope un cancer et tombe amoureux dans la même fourchette de quelques mois, et ce n'est ni la fin du monde ni un feu d'artifice d'émotions. Je veux dire, avoir une leucémie, tomber amoureux... Ça arrive. Le premier c'est pas cool, le deuxième ça peut être fun ou affreux, ça dépend, mais dans les deux cas rien qui ne vaille la peine de sauter partout en hurlant -et en même temps si ça ne vaut pas la peine de sauter partout en hurlant, alors on ne sauterait jamais partout en hurlant, et on aurait l'air un peu plus sain d'esprit.
Bon, là vous êtes probablement encore plus confus qu'au résumé, alors je vais essayer de mieux m'expliquer.
J'ai eu un problème avec le plot, parce que oui, des ados amoureux sur fond de cancer, on nous l'a déjà faite, cf John Green. Au final pas de quoi s'alarmer parce que "Sans prévenir" est vachement différent, beaucoup plus réaliste et terre à terre, quelque part. "Nos étoiles contraires", pour moi, relève du féérique, alors que "Sans prévenir" relève de la réalité. C'est pour ça que tout ce bazar y est présenté comme moins explosif qu'on pourrait s'y attendre : parce que ça arrive en vrai, parfois, sans provoquer d'explosion.
La plupart des personnages m'ont prodigieusement agacée mais c'est un bon point, parce qu'en ce moment la plupart des humains que je fréquente m'agacent prodigieusement, donc c'était crédible. Francis a de grands moments d'hypocrisie -j'ai oublié de vous dire que tout est au 'je', donc on est dans sa tête tout le temps, à ce petit con. Et parfois ça donne envie de lui coller deux baffes. Il est un peu pourri gâté sur les bords, mais il a un bon fond et les conneries qui lui passent par la tête sont de son âge, alors on finit par s'attacher à lui. C'est un ado intelligent qui est malade. On s'attacherait probablement à lui si on le rencontrait dans la vraie vie. J'insiste lourdement là-dessus parce que vraiment, ce bouquin est hyper crédible.
J'ai plus aimé Ambre, même si question stupidité elle se débrouille pas mal non plus. Je pense que si une partie de l'histoire se déroulait de son point de vue ce serait encore plus flagrant. Elle est un peu folle, un peu vénère et en même temps on ne peut pas lui en valoir parce que merde, avoir un cancer à quinze ans ça craint. Et puis si je suis honnête elle est quand même moins stupide que je l'étais à son âge -je suis une fille considérant l'intelligence d'une autre fille, Francis je peux le juger autant que je veux parce que c'est un mec. Ambre, c'est plus compliqué.
Après y a les mères des deux zozos, qui sont vachement différentes et qui ont des caractères bien trempés. Elles étaient vraiment intéressantes en tant que personnages parce qu'elles ne passent pas du tout inaperçus, elles prennent de la place, comme toutes les mères, elles se font entendre -et elles s'engueulent parce qu'elles voient pas du tout les choses de la même façon. Je crois que ce sont mes deux personnages préférés, les mères des deux héros. Je les ai vraiment adorées. Ce sont de bonnes mères, je crois.
Pour les autres personnages je vous laisse les découvrir, mais c'était vraiment une lecture intéressante, drôle et touchante, qui n'a absolument rien à voir avec "Nos étoiles contraires". Vraiment, c'était très différent, beaucoup plus réaliste -je ne reproche rien au livre de John Green, je l'ai dévoré et adoré, c'est juste pour marquer la différence. On se reconnaît plus facilement dans Francis et Ambre qu'en Gus et Hazel. Parce que Gus et Hazel sont des héros alors que Francis et Ambre sont juste deux ados malades.
Un livre à lire et à partager.

Corneillement vôtre,
Jo