Cyrano

Il me faut une armée entière à déconfire !
J'ai dix coeurs, j'ai vingt bras, il ne peut me suffire
De pourfendre des nains ! Il me faut des géants !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

dimanche 1 juin 2014

Coup de coeur Imaginales 2014 : Dresseur de fantômes, de Camille Brissot

Alors attendez, asseyez vous, que je vous explique : j'ai fait un truc de fou. Je suis allée aux Imaginales 2014. Genre pour de vrai. Les Imaginales d'Épinal. Les... Hein ? De quoi ? C'est quoi les Imaginales ? Mettez-vous en rang, je distribue les baffes.
(Partez pas, je plaisante.)

Les Imaginales, si vous voulez, c'est un peu le festival de Cannes de l'Imaginaire -d'ailleurs ça se passe en même temps. On a même une remise de prix, le Prix Imaginale, avec plusieurs catégories et des nominés. Pendant un long week-end (du jeudi au dimanche) il y a des conférences avec plein d'auteurs professionnels qui se succèdent, une énorme tente pleine de bouquins (sortez-moi de là !!!!), des dédicaces à la pelle et un sacré lot de rencontres. Entre autre Stephan Marsan, the Big Boss, fondateur et directeur de Bragelonne -Bragelonne-la-plus-grosse-maison-d'édition-de-l'imaginaire-français, oui oui, ce Bragelonne là. Pour expliquer qui est Stephan Marsan à ma mère, je lui ai dit "c'est comme si j'étais actrice et que j'avais rencontré et pris conseil auprès de Steven Spielberg".
(En plus on est tombé sur lui de nuit, dans un bar à vin, à une lecture érotique. S'il-vous-plaît.)
Qu'est-ce que je disais ? Ah oui, les Imaginales. J'y ai aussi rencontré des tas d'auteurs très gentils dont j'aurai bien acheté tous les bouquins ne serait-ce que pour leur faire plaisir. Malheureusement le Canada c'est bientôt et le budget reste serré, donc sur la bonne vingtaine de livres que je voulais, je n'ai acheté que trois romans et une BD :

- Notre-Dame des loups, d'Adrien Tomas
- La Saveur des figues, de Silène
- Dresseur de fantômes, de Camille Brissot
- Le Pantin sans visage, une bande-dessinée sans texte, d'Aalehx

Je ne vous apprend rien, si vous avez réussi à déchiffrer mes pattes de mouche jusque là, vous savez que je vais vous parler de Dresseur de fantômes. C'est mon coup de coeur Imaginales 2014.

Dresseur de fantômes
par Camille Brissot

Résumé : Un grand Maëlstrom a redessiné la carte du monde. La disparition de l'électricité, les perturbations des courants marins et aériens ont obligé les hommes à se pencher vers de nouveaux modes de transports. Théophras et Valentine sont chercheurs de trésors dans cet univers rétro-futuriste. Jusqu'au jour où Valentine est assassinée. Ne pouvant abandonner son bien aimé Théophras, elle reste à ses côtés sous la forme d'un fantôme. L'aventurier est le seul à la voir et à l'entendre. Ensemble, ils sont à la poursuite du Collectionneur, l'assassin de Valentine. Avec l'aide de leurs amis, le capitaine Peck, et de la troupe de l'Aerocircus, ils comptent bien venger le meurtre de la jeune femme...

Chronique : J'avoue que mon résumé est un peu à côté de la plaque mais je tiens à ce que vous sachiez que cette novella (court roman en un seul tome) est une véritable pépite. Je l'ai dévoré d'un trait, en à peine vingt-quatre heures, et j'en aurai bien repris une tranche. J'admire Camille Brissot, l'auteur (au demeurant fort sympathique), qui maîtrise parfaitement son univers, ses personnages et la gestion de l'information. Elle nous plonge au coeur de l'action dès le début, et on est emporté dans son monde un brin steampunk. On traverse l'Atlantique sur un immense bateau à aubes, on affronte des sorcières vaudoues, on prend le chemin de fer pour aller rencontrer des Comanches, et enfin, clou du spectacle, on rejoint en montgolfière la piste de l'Aerocircus, gigantesque Cirque flottant, et sa troupe d'artistes.
On ne le dira jamais assez : ce qui compte, dans n'importe quelle histoire, ce sont les personnages. Ils doivent être vrais et attachants, on doit se sentir concernés par ce qui leur arrive, trembler pour eux, rire et pleurer avec eux. Et bien inutile de vous dire que je me suis terriblement attachée à Theophras et à Valentine. Deux personnages qui n'ont rien à perdre, puisqu'on leur a déjà tout pris -elle sa vie, lui son amour. J'aime tout particulièrement la façon dont Theophras change de comportement en fonction de son interlocuteur, la courtoisie narquoise envers ses ennemis et ses sous-fifres, la tendresse qu'il réserve à Valentine, le désarroi face à ses amis. Qui plus est, Théo a un passé, et ça mes enfants, c'est déjà un premier pas vers la réussite. Tout bon personnage doit avoir un passé. Tout bon couple aussi, d'ailleurs, et nos deux tourtereaux n'échappent pas à la règle. Vous verrez, vous allez adorer l'histoire de leur rencontre... Théophras est un gentleman, qu'on se le dise !
Des personnages, il y en a plein, et ils sont tous hauts en couleurs. Du sombre Collectionneur au jeune Tom, en passant par le capitaine Peck, fidèle ami, et surtout les frères Malaga, aux commandes de l'Aerocircus, qu'on se représente très bien dans leurs habits de cirque ! (J'avoue, j'ai un faible pour Alcide, le dresseur de fauves...)
Dresseur de fantômes est typiquement le genre de livres qui nous fait voyager. Théo et Valentine nous trimballent dans leur voyage aux quatre coins du globe -on part de la Rochelle, on fait un arrêt à Haïti, on continue sur New-York, de là Chicago, puis Paris, Edimbourg, et je vous laisse découvrir la surprise du dernier lieu où nous mène cette fabuleuse épopée. Personnellement ça ne m'a donné qu'une envie : plier bagage !
Ce qui m'a vraiment emballé (et dont, paradoxalement, je ne peux pas vous parler) ce sont les retournements de situation. Vous savez, ces petites surprises planquées au détour d'un chapitre, que quand vous le découvrez vous êtes tout "aaaaaaah mais oui mais c'est bien sûr !!!". C'est méga satisfaisant, on est d'accord ? Bon. Bah...

Dresseur de fantômes est une grande aventure doublée d'une émouvante histoire d'amour. À lire. Plusieurs fois. Et à adapter au cinéma.
(Vous inquiétez pas, d'ici dix ans je serai riche et célèbre, je financerai l'adaptation moi-même s'il le faut.)

Corneillement vôtre,
Jo

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